Cashback et argent de poche : bon plan ou simple incitation à la dépense ?

Clara, 15 ans, est ravie : sa carte bancaire vient de lui rapporter un petit pourcentage sur son dernier achat en ligne. Pourtant, ce cashback, en apparence attractif, cache des subtilités qui peuvent échapper aux jeunes. Est-ce vraiment un bon plan ? Ou s’agit-il d’une incitation déguisée à la dépense ? Derrière le mécanisme de cashback se cachent des stratégies commerciales complexes qui posent aussi des questions d’ordre éducatif, notamment pour les parents soucieux de transmettre des habitudes financières saines.

Comment fonctionne le cashback ?

Le cashback, ou "remise en argent," consiste à rembourser un pourcentage des achats effectués, souvent de l’ordre de 1 à 2 %. Ce montant, bien que modeste, est perçu comme une "récompense" qui encourage les utilisateurs à dépenser davantage. Certains services de cashback exigent même un abonnement payant pour activer cette option, ce qui réduit d’autant plus son intérêt économique. Si l’on paye pour recevoir une remise, la rentabilité de la mesure devient discutable, surtout pour de jeunes utilisateurs aux moyens limités.

Ce cashback repose aussi fréquemment sur des partenariats avec des sociétés tierces, spécialisées dans la gestion de ces programmes. Or, ces intermédiaires collectent des informations détaillées sur les habitudes d’achat des utilisateurs. Pour des parents soucieux de la confidentialité des données de leurs enfants, cette collecte de données pose un problème : en échange d’un petit gain, des informations précieuses sont partagées avec des entreprises tierces.

L’incitation à la dépense : un piège pour les jeunes

Si le cashback peut sembler attractif, il influence subtilement les habitudes de consommation, surtout chez les adolescents, qui peuvent percevoir cette petite remise comme une bonne affaire. "J'ai récupéré 1,5 € en achetant cet article, donc j’ai bien fait d’acheter maintenant," pense Clara. Mais en réalité, ces "économies" incitent à multiplier les dépenses, car plus on achète, plus on cumule de cashback.

Les chiffres sont parlants : une étude de l’Université de Californie a montré que 78 % des adolescents sont influencés par la perspective de gains immédiats, comme les réductions ou le cashback, dans leurs décisions d’achat. Cette dynamique crée une forme de "gratification instantanée", encourageant des achats impulsifs pour maximiser le retour.

Le cashback : une fausse impression de bon plan ?

Le cashback peut aussi créer une fausse impression de bonne affaire. Par exemple, lorsque des commerçants augmentent temporairement le pourcentage de cashback pour des produits spécifiques, cela incite les jeunes à acheter rapidement de peur de manquer l’offre. Cette perception, que les spécialistes appellent la "peur de manquer" ou "FOMO" (Fear Of Missing Out), est particulièrement forte chez les jeunes, influencés par l’urgence de profiter de l’aubaine apparente.

Or, la plupart du temps, le cashback ne fait qu’inciter à des dépenses supplémentaires. Des statistiques publiées par Youth Marketing Group montrent que 64 % des adolescents admettent ressentir une pression d’achat lorsqu’ils voient une offre de cashback limitée dans le temps. Ce sentiment pousse les jeunes à privilégier des achats impulsifs, plutôt que de se concentrer sur des objectifs financiers réfléchis.

Cashback et éducation financière : une approche discutable

Pour les jeunes qui découvrent l’argent, le cashback peut brouiller la perception de la valeur réelle des choses. En encourageant la dépense pour "gagner", ce mécanisme fausse la compréhension de l’épargne et des dépenses. "Le cashback ne devrait pas être perçu comme de l’argent gratuit," souligne Sarah Lefèvre, spécialiste en éducation financière. "Chez les enfants et adolescents, il peut créer une relation biaisée avec l’argent, où dépenser plus est justifié par l’obtention de récompenses."

Cette vision peut même détourner les jeunes de l’objectif d’une gestion financière saine. "Plutôt que de valoriser l’épargne, le cashback incite à consommer pour récupérer un tout petit pourcentage," poursuit Lefèvre. Cette dynamique, plutôt que d’encourager une gestion responsable, alimente la tentation de dépenser pour de petites récompenses, aux dépens d’objectifs d’épargne plus significatifs.

Pourquoi Bloon ne propose pas de cashback

Face aux effets potentiellement néfastes du cashback sur les habitudes financières des jeunes, Bloon a choisi de ne pas intégrer cette fonctionnalité. "Notre mission est de promouvoir une gestion de l’argent réfléchie," explique Frédéric Guy, fondateur de Bloon. "Nous pensons que le cashback encourage la dépense impulsive, ce qui va à l’encontre de notre objectif éducatif."

Au lieu de chercher à maximiser des "gains" immédiats, Bloon préfère encourager des pratiques responsables et à long terme. Grâce à des outils de contrôle parental avancés et une approche axée sur l’éducation, Bloon accompagne les jeunes dans leurs premiers pas financiers sans leur proposer des incitations à la consommation.

Conseils pour éduquer les jeunes à la gestion des offres de cashback

Pour les parents, sensibiliser les enfants aux subtilités du cashback peut être essentiel pour une éducation financière solide. Voici quelques conseils pour éviter que le cashback ne devienne un piège :

1. Clarifier la nature du cashback : Expliquez à votre enfant que le cashback n’est pas une somme "offerte" mais un mécanisme pour inciter à la dépense. Cette compréhension peut l’aider à mieux analyser ses choix d’achats.
2. Discuter de l’impact des abonnements payants : Si le cashback est conditionné par un abonnement, il peut être utile de faire calculer à l’enfant le montant total qu’il devra dépenser pour que cet abonnement devienne rentable. Cela lui permettra de mieux comprendre la rentabilité réelle de l’offre.
3. Encourager une approche raisonnée : Incitez votre enfant à se poser les bonnes questions avant un achat motivé par le cashback. A-t-il réellement besoin de cet objet ? Ou achète-t-il uniquement pour la remise ?
4. Valoriser l’épargne sur les "récompenses" : Mettez en avant l’idée que l’argent économisé est plus précieux que l’argent "gagné" par le cashback. En orientant ses dépenses vers un objectif d’épargne, il apprendra la valeur d’un achat réfléchi.

‍